Le syndrome du survivant touche les personnes qui ont été confrontées à une menace réelle de mort et qui ont peu de chances de survivre. Il touche également les enfants issus de familles où des avortements ont eu lieu. Il s’agit d’enfants qui ont découvert à un moment donné de leur vie que leurs parents avaient tué leurs frères et sœurs ou avaient envisagé le suicide. Pour une telle personne, continuer à vivre est associé à une énorme tension émotionnelle, à des remords et à des niveaux d’anxiété considérablement accrus. Il s’agit de personnes qui ont été confrontées à une réelle menace de mort ; leurs chances de survie sont minces, et d’autres personnes dans des situations similaires sont mortes.
Agata Rusak psychotherapist, trainer, and supervisor an interview with Agnieszka Porzezińska host of a programme on TVP notes:
« Il est très possible que nous vivions parmi un grand nombre de personnes qui ont une peur excessive de la vie ou pour la vie, ainsi que de nombreuses autres conséquences difficiles liées au fait d’avoir la liberté de choisir d’avoir ou non un enfant. Une personne qui n’allait pas naître ressentait l’incertitude de son existence en tant que personne, en tant que fille ou garçon spécifique. Une personne qui a choisi de vivre parmi d’autres frères et sœurs se sent souvent coupable d’être en vie, de la façon dont elle vit. La perte sanctionnée et voilée d’enfants a ajouté au stigmate des pertes de guerre.«
Les personnes souffrant du syndrome du survivant ne reconnaissent souvent pas que leur expérience de l’avortement est la source de leur manque de joie de vivre, de leur tristesse ou de leur impuissance existentielle. Plus un enfant – ou plus tard, un adulte – réalise que ses parents ont tué un frère ou une sœur ou étaient prêts à le tuer également, plus il ressent un choc émotionnel. Les ramifications de la découverte que mes parents ont tué mes frères et sœurs ou ont envisagé de me tuer sont énormes.
- « Le syndrome du survivant est-il détectable par n’importe quel psychologue, psychiatre ou psychothérapeute ? »
Agata répond : « Bien sûr que non. Certaines personnes se cachent derrière un sentiment d’impuissance et rejettent la responsabilité de leurs problèmes sur leurs parents. Le stigmate du rejet n’est pas une marque visible sur la peau ; il se manifeste au plus profond de l’humanité. En même temps, la qualité des relations familiales dans les dernières années de la vie d’un enfant influence fortement le développement des sphères individuelles. – Dans quel sens ? Je n’ai mentionné que quelques-uns des nombreux autres symptômes du syndrome du survivant. »
La personne qui souffre considère sa vie comme un événement aléatoire plutôt que comme un cadeau précieux qui mérite d’être chéri. Il se rebelle contre Dieu, les autorités et la vie parce qu’il croit qu’il doit mériter la vie qui lui a été accordée. Le syndrome du survivant se manifeste également dans le fait que l’enfant – et plus tard l’adulte – ne fait pas confiance à ses parents et, par conséquent, ne peut faire confiance aux personnes sincères ou, au contraire, est ingénu envers toute personne qui semble lui offrir un peu de ce qui lui manquait à la maison. En conséquence, cela affecte son image de Dieu, comme une Entité imprévisible (même pas une Personne), à laquelle on ne peut pas faire confiance.
Agata poursuit : « Si un enfant grandit en entendant qu’il n’est pas désiré, qu’il est une nuisance, qu’il est mauvais, qu’il y a des problèmes à la maison à cause de lui, qu’il est un échec, qu’il ne sera pas capable de faire face à la vie, et qu’en même temps il vit de mauvais liens familiaux, il sera façonné comme une personne anxieuse, peu sûre d’elle, avec un faible sens de la valeur, négligeant fréquemment ses propres besoins. Le survivalisme peut se manifester par toute une série d’effets dans la vie. De nombreuses personnes sont sceptiques quant à l’existence d’un syndrome de survie distinct. Un enfant qui a également survécu à un avortement et qui grandit dans un foyer où l’on s’occupe de ses relations, pour le meilleur ou pour le pire, sera psychologiquement plus sain et fera mieux face au monde.«
- « Pourquoi est-il si difficile pour les personnes ayant subi un avortement de nouer des relations positives avec leurs enfants vivants ? »
« De nombreuses personnes qui m’ont parlé directement de l’avortement m’ont dit qu’elles se sentaient comme de mauvais parents pour leurs enfants vivants. Ils ont du mal à faire preuve de tendresse, alors ils surprotègent et contrôlent la santé, le comportement et les résultats scolaires de l’enfant. Lorsque les enfants veulent parler de leurs sentiments, ils sont impatients et n’écoutent pas. Une telle difficulté ou incapacité est compréhensible puisque chaque enfant conçu biologiquement est déjà dans l’esprit de la mère, sur le plan émotionnel. Elle est en train de devenir une mère. Même sans enfant, elle est une mère. Si elle a d’autres enfants, son avortement donne à l’enfant né le double des soins, du contrôle et des attentes de la mère. La survivante devient un enfant « sous une lampe » qui doit être poli, capable, le meilleur de la classe et parfait. L’adoption d’une survivante est considérée par la mère et le père comme une forme d’expiation et de réparation pour la mort d’autres enfants. Les survivants jeunes et adultes ont souvent une relation tendue avec leurs parents.«
« Les enfants survivants se sentent profondément seuls et ont du mal à nouer les liens chaleureux et confiants dont ils ont besoin. Il ne s’agit pas d’un être unique et distinct qui se développe à son propre rythme, produit d’une « Psyché » (FRA : « Âme » – note de rédaction) blessée. Certaines survivantes de l’avortement ne reconnaissent pas que leur détresse est causée par leur expérience de l’avortement. (…) Du point de vue de l’enfant, toute personne atteinte du syndrome du survivant a besoin d’un examen général de sa vie qui porte sur l’ensemble de la personne, et pas seulement sur les parties individuelles brisées.«
Une thérapie spécifique pour ce syndrome serait inefficace car la constellation des effets de l’avortement sur la famille de chaque personne évolue au cours de sa vie. Ce qu’il faut, c’est un examen général de la vie dans son ensemble, et non pas seulement des morceaux cassés individuels. L’avortement, ou l’intention d’en avoir un, n’est pas la faute d’une seule personne. De nombreuses personnes contribuent à ce drame, notamment ceux qui n’ont pas insufflé à la femme le courage de devenir mère, ceux qui ont encouragé l’avortement et ceux qui, par leur passivité et leur silence, n’ont pas arrêté la femme. Nous sommes tous responsables de la vie qui existe en nous et autour de nous.
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